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L'Histoire de l'Habitation Caféière Beauséjour

Comprendre le patrimoine de la Guadeloupe

L'Habitation Caféière Samana Beauséjour et ses cafeyers, connu sous le nom de Caféière Beauséjour ou Habitation Gros Morne est une ancienne Habitation caféière du 18ème siècle.

Le mot "Habitation" est aujourd'hui galvaudé, beaucoup l'utilisent pour nommer une construction moderne, et en cela, dénature la partie historique du mot.

 

Une Habitation est avant tout en lien avec une ancienne propriété coloniale, une exploitation agricole utilisant des esclaves, en anglais "plantation" sur laquelle était édifiée une maison en brique ou bois dite "maison du maître". Ce bâtiment était construit en bois rouge afin de ne pas subir les attaques des termites.

Selon Danielle Begot : "L’habitation antillaise est un domaine terrien dont la raison d’être est la mise en valeur à des fins spéculatives de terres qui ne seront jamais des terroirs, et qui a trouvé dans la culture de la canne sa plus parfaite expression". (Usines et habitations-sucreries, Trois siècles de patrimoine industriel martiniquais. Bureau du patrimoine du Conseil Régional de la Martinique, 1989, p. 27.) 

 

Génératrice de société, elle est à la fois unité de production avec ses bâtiments, son « personnel », et unité de base de la société esclavagiste. 

 

Par conséquent, s’il s’agit pour Danielle Bégot d’une « réalité spatiale » nécessitant une occupation et une maîtrise de l’espace des plus efficaces, c’est surtout un système organisateur, structurant la société antillaise. 

 

Dès lors, une nette distinction s’opère désormais dans l’habitat entre la maison de maître et les cases d’esclaves.

L'histoire du domaine de la Caféière Beauséjour à L'Habitation Samana Beauséjour

L’habitation Caféière Samana Beauséjour, appelée Habitation Caféière Beauséjour ou Gros-Morne date de la fin du XIXe siècle.

Cette habitation est l’une des plus anciennes de Pointe-Noire. Elle est orientée Est-Ouest posée sur un morne (colline) à 295 m d’altitude. Elle domine toute la région de Pointe-Noire, à la fois côté mer des Caraïbes et côté montagne.

Autrefois encadrée par une cuisine extérieure, qui servait d'abris anticyclonique, la maison possède des galeries superposées. Une partie de cette galerie a été hélas détruite par un ancien propriétaire dans les années 90 afin de créer une extension.

 

Les murs et la charpente sont entièrement en bois d’acajou et courbaril, et les essentes (tuiles de façade) sont en bois de goyavier de montagne. Les poteaux soutenant le bardage de l'extension créée en 1995 sont en en poirier pays avec un bardage en bois du nord. Les planchers sont, quant à eux, en bois de pitchpin.

 

Le pitchpin est un conifère, originaire de Floride et du bassin du Mississipi, atteignant en moyenne 25 mètres de haut et au bois jaune à veine rougeâtre. Moins cher que le bois exotique comme le teck, le pitchpin sert en ébénisterie pour la fabrication des meubles fantaisie et en menuiserie pour celle des parquets sous Napoléon III. 

 

Cette maison est le seul témoignage de l’histoire de cette propriété. Après de nombreuses recherches, il s'avère qu'il n'y a jamais eu de séchoir à café (boucan) soit disant totalement détruit lors du passage du cyclone Hugo en septembre 1989. 

En revanche, nous avons découvert que c'était en fait un autre bâtiment qui avait été partiellement détruit en 1989. Il y avait en effet une maison coloniale beaucoup plus imposante avec une charpente en tendacayou bois plus noble que celui utilisé pour le bâtiment présent aujourd'hui. Les poutres de cette maison coloniale ont été recyclées en poteaux soutenant le carbet de l'espace restauration.

Cette découverte nous amène à penser que la Caféière ne devait pas être le bâtiment principal de l'Habitation mais un bâtiment agricole ou la maison du "géreur" (contremaitre). Elle est en effet construite à un niveau plus bas que l'ancienne maison coloniale détruite. À l'époque coloniale, la maison dite du "Maître" était toujours positionnée au niveau le plus haut d'un domaine.​

L'histoire du domaine depuis 250 ans - de 1765 au 21ème siècle

Vers 1765-1775, la carte représentant Pointe-Noire indique l’existence d’une modeste habitation, à l’emplacement exact de l’Habitation Caféière actuelle. Le propriétaire indiqué est Monsieur Dessources. Il s’agit de Pierre Félix Gosse Dessources (né le 10 janvier 1731 à Pointe-Noire), marié à Cécile Millard le 01 juillet 1753 à Pointe-Noire.

Cette dernière décède et la succession se règle entre 1773 et 1779. D’après les recherches du Fond Parisis, le domaine comporte 60.000 pieds de café et 30.000 hors domaine. L’habitation principale compte 60 carrés et dispose de 18 esclaves. On y cultive également du manioc, des pois et du maïs.

 

Un violent cyclone fait des dégâts en 1776. Lors du partage, l’habitation revient à 2 des 3 sœurs, l’une Marie-Catherine Cécile, mineure et célibataire, l’autre, Marie-Magdeleine, épouse de Séraphin de Blaine. C’est le mari qui prend l’habitation en bail à ferme.

 

Il faut attendre le milieu du 19ème siècle pour retrouver la trace de cette habitation, au travers de la succession de Mme Veuve Charles Lesueur passant à ses nombreux enfants qui vendent des portions en 1878 et 1879, ainsi qu’en 1884 et 1887.

 

En 1901, on retrouve deux héritières, Aurélie Lesueur et Pauline Lesueur, épouse de Pierre François Wilfrid Pagésy. 

Aurélie vend sa part (1/4) au couple pour la valeur de 4.000 Francs, ce qui indique qu’ils sont 4 cohéritiers et que les Pagésy en détiennent maintenant 50%. Le domaine est alors de 47 hectares. Il est évoqué que cette propriété est composée d’une habitation principale et de dépendances. 

En 1928, lors du passage du GRAND cyclone, ce dernier endommage une partie de ses installations et entraine une diminution de son activité d’habitation caféière.

 

Au cours du 20ème siècle, la propriété est achetée par la famille Duflau. La production de café cesse à cette époque.

En 2010 elle devient une propriété privée, résidence d'artistes jusqu'en 2018. Depuis cette date vous en connaissez la suite !

Retrouver l'Habitation Caféière Samana Beausejour dans les ouvrages du patrimoine

Habitation Samana Beauséjour PATRIMOINE GUADELOUPE

Habitation répertoriée p124 du "Patrimoine de la Guadeloupe" 

FONDATION CLÉMENT

HC éditions 2017

Chambre dhôtes Guadeloupe

Habitation répertoriée p30-31 & 40 de "Maisons des Antilles" par Michael Connors 

FLAMMARION éditions 2007

trésor de guadeloupe habitation samana beausejour

Habitation répertoriée p 164/165 de "La Guadeloupe et ses trésors - Le patrimoine archéologique de l'île papillon"

David LAPORAL

ERRANCE éditions 2010

LOGO HABITATION CAFEIERE SAMANA BEAUSEJOUR
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